Jazz

Cette série a débuté en 2003, avec les premières photographies du Bordeaux Jazz Festival. Depuis, de nombreux festivals en France soutiennent mon travail en m’invitant : Jazz à Luz (64) ; Rendez-vous de l’Erdre à Nantes, EuropaJazz au Mans, Jazzèbre à Perpignan, D’jazz à Nevers, l’Atlantique Jazz Festival à Brest… Des expositions et projections ont été organisées au cours des années par les festivals. Certaines photos ont aussi été publiées dans la presse : Jazz Magazine, Télérama, Le Monde. Cette série comporte aujourd’hui plusieurs centaines d’images.

LA PHOTOGRAPHIE N’ENVAHIT PAS L’IMAGE
« C’est dit, et c’est ce que j’aime chez Bruce Milpied, que la photographie n’envahit pas l’image. On y reviendra.
J’ai toujours aimé, chez Bruce Milpied et avant même d’avoir pu juger du résultat de son travail, cette sorte de discrétion dont il fait preuve dans son abord des choses, des êtres, des situations. Une attention prêtée au monde, qu’on lui rend du coup bien volontiers. Une rare vertu qui lui ouvre des espaces et aide à ce qu’il puisse s’insérer dans le champ à photographier. J’ai constaté ensuite, en regardant les premiers tirages qu’il soumettait à mon regard, l’extrême plasticité des images, dans leur contenu autant que dans leur forme.
J’aime donc – venons-y – que chez lui la photographie n’envahit pas l’image. Dans beaucoup de cas, nous tendons tous (amateurs et photographes, spectateurs et capteurs) d’abord vers l’objet de notre attention, le musicien qui s’exprime, l’instrumentiste qui se débat avec son biniou ou ses compagnons de scène, d’où une grande quantité de « portraits » en situation, tous plus ou moins semblables, et finalement tous plus ou moins décevants. Pour échapper à cet écueil, de rares artistes inscrivent leur travail dans le champ de la « photographie » pure, et peu importe alors qu’elle soit dite « de jazz », qu’elle prenne comme objet tout ou partie de la geste musicienne, ce qui compte c’est sa structure formelle, son statut d’image photographique. Et si cette approche nous retient, elle laisse quand même de côté le rapport fétichiste que notre regard entretient avec la musicien photographié. Ce que nous gagnons en jouissance de l’oeil, nous le perdons en terme d’affect.
On l’aura compris : je pense que Bruce Milpied a su trouver une voie médiane, sans doute l’une des plus difficiles qui soient, voie qui sait conserver quelque chose de la présence effective du sujet tout en donnant au regard les satisfactions qu’il est en droit d’attendre. Ce que j’appelle donc « la photographie » n’envahit pas l’image. En d’autres termes encore : la jouissance de l’oeil laisse, dans la photographie, sa chance au plaisir de la reconnaissance, et nous retrouvons nos musicien(e)s chéri(e)s. Et si possible : tels qu’en eux-mêmes. (…)
« 
Philippe Méziat, journaliste « Jazz », ex-directeur du Bordeaux Jazz Festival…